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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

Maintenant, il n’y a plus que le crottin, sans poules, et les mouches ne sont même pas toutes sur le Sociétaire qui remplace les colombes. Je veux que cette ferme garde son expression et sa vie. Chassez-moi les parasites !

Le régisseur s’incline, s’éloigne, ordonne ; personne ne regimbe. La troupe redescend le chemin d’arrivée, et Antoine, qui ne peut s’empêcher de rire, les montre au doigt, disant :

— Les émigrants !

La porte de la ferme s’ouvre. La grande cantatrice vient de rendre. Elle apparaît pâle et chancelante :

— Épatant ! dit Antoine. Ne changez surtout rien à cette tête-là ! Et au travail !

Allègrement, il la place dans la cour, près du puits, sur les terrasses. Elle est inquiète ; elle demande :

— Est-ce ça ? Suis-je bien ? Indiquez-moi, monsieur Antoine !

— Non, madame. Rien à vous indiquer. Ce