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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— Quel âge peut avoir cette femme-là pour faire des insanités pareilles ! Un œuf cru et du miel ! Ce n’est pas une femme de chambre qu’il lui faut : c’est une bonne d’enfant !

Il redescend dans la cour.

— Où est-ce qu’elle est ?

— On l’a étendue sur un lit, dit le régisseur, qui ouvre la porte de la ferme.

— Eh bien, madame, fait Antoine en entrant, il faut rendre, il faut absolument vous dépêcher de rendre tout ça !

— Ah !… Comment ? geint la grande cantatrice.

— Comme vous voudrez, dit Antoine avec douceur.

Il s’approche du lit et la considère :

— Puis une autre fois, il ne faut jamais avaler un œuf cru au miel, sans savoir comment le rendre… surtout quand on a un contrat, madame, où cette scène-là n’est pas prévue.

Il regarde le fermier.