Page:Benjamin - Antoine déchaîné, 1923.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— Eh bien, elle doit faire une musique ! dit Antoine.

Le régisseur va donner ses ordres : il lève le bras. Le rouquin, qui guette sur la place, croit qu’on veut le rafraîchir : il accourt et dit :

— Oh !… ce que vous voudrez : un bock… ou un café glacé.

Antoine éclate de rire :

— Celui-là est formidable !

— Veux-tu filer avec l’auto, commande le régisseur, et reprendre là-bas tous les gens qui restent.

L’Arlésienne a devant elle un verre de Bénédictine.

— Vous n’avez pas soif, vous ? reprend Antoine. À quoi pensez-vous ?

— À moi, dit le régisseur.

— Idiot ! fait l’Arlésienne. Je ne pense à rien, et ça me suffit : je vais prendre un bain.

— Garçon, crie Antoine, un autre verre, mon vieux ! Celui-là est ridicule. Apportez-moi ce que