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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

une brute. Il vient de lui faire une scène. Ils se sont jeté des noms de poissons à travers la figure. Il la ramène jusqu’à sa porte ; il la prend, lui tord les poignets, puis la flanque chez elle d’une poussée.

Les deux scènes, indiquées avec cette vigueur, sont esquissées mollement par les trois artistes. Aussitôt, il s’exaspère.

Les badauds, au bout de la ruelle, commencent à se passionner.

— C’est quelque chose de tourner un film, dit une femme.

— Monsieur, hurle Antoine à Frédéri, voulez-vous laisser votre chapeau et ne pas arranger vos cheveux : c’est un geste de jeune premier !

— Il voit tout, dit un homme, rien ne lui échappe !

— Sacré vieux ! reprend un autre, il s’y connaît en cinéma…

— Mademoiselle, crie Antoine, ne touchez pas à votre châle !

— Monsieur, il vient de se déchirer…