Page:Benjamin - Antoine déchaîné, 1923.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
ANTOINE DÉCHAÎNÉ

chant ? Demain matin, il apparaîtra les poches vides, et son premier mot sera : « Donnez-moi donc une allumette, mon vieux ! »

Tout en parlant, il a poussé du pied une boîte à ordures qui attendait qu’on la photographiât, en travers de la ruelle.

— Ça, c’est fort ! crie Antoine. Voulez-vous me laisser cette saloperie où elle est !… Ah ! ils sont effarants ! Ils s’y mettent tous ! Vous ne voyez pas que cette boîte à ordures c’est de la vie ! La vie ! Combien de fois faudra-t-il que je gueule ce mot-là ! Pour l’amour de Dieu, n’arrangez pas la vie !… Que j’ai soif !… Saloperie de température !… Et on dit que le Midi est une blague !

Il déboutonne la ceinture de son pantalon :

— Je crève là-dedans… Je m’épaissis… Peux plus travailler. Monsieur Mitifio !

— Monsieur Antoine ?

— Puisque vous avez entrepris de grimer mademoiselle, pendant que l’autre n’est pas là, voulez-vous me pâlir cette figure !