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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

au billet de cent sous réussit à faire entrebâiller la porte. Antoine regarde son régisseur.

— Bon à rien, mon vieux, à rien ! Pouvez compter sur moi : c’est le dernier film que vous faites ! Je vous conseille de chercher une place de gardien de square ou de musée !

Là-dessus, de son portefeuille il tire d’autres billets, enlève de nouveau son chapeau et, à un mètre de la maison, commencé à dire, à voix haute :

— Ces gens-là ont parfaitement raison ! On les empoisonne et on ne les paie pas : nous sommes répugnants !

Une tête de femme farouche se montre.

— Madame, dit Antoine, je vous fais toutes mes excuses…

Il a un pied sur le seuil. Un pas encore, il est dans la place. Deux minutes s’écoulent : il parlemente. Et il ressort, l’œil amusé. Qu’est-ce qu’il voit ? Là grande cantatrice arrive, tordant ses chers petits pieds sur les pavés de là ruelle, appuyée à l’épaule du rouquin, qui la soutient et la guide, et