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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

taureau. C’est à vous… Ah ! Celui-là est immonde, il meugle comme une vache !… Cinq cents francs pour tourner ça !… L’opérateur !

— Monsieur Antoine ?

— Prenez, mon vieux !

— Quoi donc ?… Il n’y a rien ?

— Justement. Prenez cet animal qui ne veut rien f… et qui renifle dans le sable. Je veux ça comme document !… Et vous, madame, allez-y ! Allez ! L’autre vous pousse le coude. Vous voyez l’Arlésienne. Prenez un air effaré. Pas cette tête-là… On croirait que vous voyez l’Arlésienne à l’Odéon, dans les décors de Ginisty !… Là… Bon. Bien. Étonnant ! Ça y est. Vous y avez mis le temps, mais ça y est ! Merci… Et maintenant, vous pouvez filer : je n’ai plus besoin de vous.

Elle ne filera pas. Heureuse de l’effet, la grande cantatrice soupire :

— Je vais essayer de rester…

— Pas moi ! dit Antoine. Je crève de chaleur