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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— Comment ?… Comme ça ?…

— Non, madame ! Ne vous exercez pas maintenant à des mines de théâtre. Vous penserez, le moment venu à ce qu’il y a à faire, et vous le ferez !

Il la place, la laisse, va à l’opérateur, met l’Arlésienne près de lui, me dit :

— Je la lui confie, pour qu’il ne rate pas mes pellicules.

À Mitifio, qui est en bas, il indique un jeu de scène important ; puis il s’assied ; et tout en suivant pour son compte la course qui commence, il fait aux uns, aux autres, à droite, à gauche, les signaux promis.

La course est piteuse, mais la journée s’écoule, splendide, et les arènes avec leurs arcades et leur tour carrée se découpent d’une façon glorieuse sur le ciel d’un bleu profond. Vieilles pierres ; firmament éternellement jeune ; le jeune cœur d’Antoine retrouve devant elles de vieilles émotions :

— Quelle splendeur !