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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— Voulait-elle courir un taureau ?

— Elle voulait… voir, cette pauvre fille !…

— Nous, madame, nous travaillons !

— Mais même pour travailler, monsieur Antoine, je n’aurais pas été fâchée de l’avoir avec moi… Si mon châle se défait…

— Je vous le referai.

— Et mes cheveux ?

— Je m’en charge aussi. Vous êtes la mère de Frédéri, madame. Vous n’êtes plus du Théâtre National de l’Opéra. Vous avez un gros, un très gros embêtement, et vous vous foutez de vos cheveux !

— Mais… qu’est-ce que je fais d’autre ?

— Je vais vous le dire. Pendant la course, quand je vous ferai signe, vous allez apercevoir tout à coup l’Arlésienne avec Frédéri. Le patron Marc vous poussera le coude : « Oh ! votre fils !… » Vous chercherez des yeux, vous trouverez, et vous tâcherez de faire une gueule de circonstance.