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pensée morale ; parce que le monde est un fait moral, et qu’un fait moral ne peut être compris que par une intelligence disposée suivant un sens moral[1]. Voilà pourquoi mes frères et moi, et même mon humble mère, mes modestes belles-sœurs, qui depuis trois ans passons nos soirs, dans une pauvre échoppe de ghetto, à ne parler que de cette guerre et à étreindre l’idée que « ceci est juste » et que « cela est injuste », tout ignorants que nous sommes, nous sommes des philosophes, tandis que vous, qui, devant de tels événements, n’avez pas su devenir une volonté morale, rien d’autre qu’une volonté morale, et découper votre conception de l’univers aux chairs vives de cette volonté, vous n’êtes pas philosophe, non, maî-

  1. On reconnaît là les doctrines dites néo-criticistes.