Page:Benda - Le Bouquet de Glycère.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.


PHILARÈTE

En effet, Socrate, il y a là encore un autre courage, tout différent de ceux que nous avons dits.


SOCRATE

Et dis-moi, Philarète : si nous avons trouvé bien né celui qui vainc la peur par la joie de tuer, mieux né encore celui qui le fait par la crainte de la honte, que dirons-nous de celui qui dompte une passion si puissante par l’amour d’une idée ? qui terrasse une passion du corps par une passion de l’esprit ?[1] Dirons-nous pas que celui-là est ce qu’il y a de plus élevé

  1. Notons bien l’insistance de Socrate pour que l’idée de patrie ne demeure pas une idée, mais devienne une passion (de l’esprit, il est vrai). Le penseur grec semble pressentir ici la doctrine spinoziste, selon laquelle une passion ne peut être vaincue que par une autre passion, jamais par un état purement intellectuel.