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pas l’homme qui, sous les coups de l’ennemi, dompte le désir de fuir, parce qu’il lui substitue, cette fois, comme passion plus puissante, non plus donc la joie de la vengeance, ni l’enivrement de l’action ni la crainte de l’infamie, mais la passion dont il embrasse l’idée de la patrie ? Ne conçois-tu pas, pour parler plus au fond, celui qui forme dans son esprit l’idée de la patrie, l’idée de l’histoire humaine que ce mot signifie, des siècles de pieux effort qu’il symbolise (remarque que les courages dont nous avons parlé jusqu’ici n’impliquaient en rien qu’on formât cette idée), puis qui étreint cette idée avec une telle passion, avec un tel désir de ne la voir point périr, que cette passion détruit en lui l’appétit de s’enfuir et d’assurer sa vie ?