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Et, certes, ce courage-là est beau. Il est bien né, son sang est généreux comme le vin d’Agrigente, celui chez qui la joie d’agir et de tuer peut être assez puissante pour qu’elle triomphe du désir de conserver la vie. Combien aiment mieux ne pas risquer de mourir que de tuer leur ennemi !… Mais dis-moi, Philarète : ne conçois-tu pas un autre courage, une autre manière de maîtriser la peur ? Et d’abord, n’observes-tu pas que le courage que tu viens de dire ne convient qu’à celui qui avance et prend quelque avantage, ou du moins en forme l’idée ; qu’il en faut donc concevoir un autre pour celui-là auquel les conditions de la lutte refusent un tel espoir (comme, par exemple, notre héros des Thermopyles) et qui cependant refoule la peur et tient ferme en sa place, comme veut le poète, en mordant ses lèvres