Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 2.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée
46
voyages en égypte,


turc ; mais ils ont déclaré, dans une lettre adressée au bey d’Esné, qu’ils aimaient cent fois mieux vivre pauvres et libres comme leurs pères que de se soumettre à quelque gouvernement, et qu’ils sacrifieraient plutôt leur vie que leur liberté.

Plusieurs de ces Arabes vinrent à la citerne dans la journée, et nous voyant si pacifiques, ils se laissèrent engager par nos chameliers à s’approcher de nous. Quelques uns d’entre eux avaient fait le voyage du Nil pour acheter du dourrah ; ceux-là passaient pour des hommes de grande expérience ; mais tous les autres n’étaient jamais sortis de leurs montagnes. L’un d’eux voyant par terre le zest d’un citron que nous y avions jeté, ne pouvait deviner ce que c’était ; mais un de ses camarades qui avait fait le voyage du Nil, le ramassa et le mangea avec un air de suffisance, comme pour montrer son savoir. Nous leur donnâmes quelques morceaux de sucre ; quand ils les eurent mangés, ils dirent qu’il fallait bien que notre vallée fût meilleure que la leur, puisqu’elle fournissait un pain aussi bon et aussi doux. Lorsqu’ils achètent du dourrah sur le bord du Nil, ils le font broyer ordinairement dans les villages de cette contrée à l’aide d’une pierre meulière, et en portent ensuite