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voyages en égypte,


que si tout le monde ici était esclave des Turcs, moi je ne voulais pas l’être ; et sachant qu’aucun de ces messieurs n’aurait le courage de dire un mot aux Turcs, je commençai à me plaindre, en mauvais italien et en mauvais arabe, de ce que les Turcs s’avisaient de me garder prisonnière à Jaffa. Un musulman respectable, de la côte de Barbarie, qui avait été en Angleterre, c’est-à-dire, à Gibraltar qu’ils nomment ainsi, et qui parlait très-bien italien, me dit que le gouverneur allait partir tout à l’heure, et me pria d’avoir patience. Je lui dis en baragouin arabe, mais assez haut pour que le gouverneur pût m’entendre, que les Anglais n’étaient point esclaves des Turcs.

Je ne m’attendais sûrement pas à ce que mes paroles eussent quelque effet. Cependant le musulman ayant dit quelques mots au gouverneur, celui-ci quitta sur-le-champ la place : je fus fort aise de son départ. L’agent anglais, homme né dans le Levant, prétendit que le gouverneur s’était placé là par curiosité, ayant appris que j’étais une femme. Ou cela était faux, ou c’était l’agent même qui avait appris au gouverneur de quel sexe j’étais. Quand des Anglais arrivent à Jaffa, cet agent a l’habitude de les accompagner chez le gouverneur. Pour se faire valoir il s’imagine