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voyages en égypte,


billée, je me noircis la figure, et serrai mes pieds dans des bottes à hauts talons, qui n’étaient pas assez larges pour moi ; mais j’aurais tout souffert plutôt que de ne pas aller. J’accompagnai donc les femmes Arabes. Je ne saurais décrire les sensations que me faisait éprouver l’alternative de l’espoir et de la crainte. Je souffrais extrêmement des bottes qu’on m’avait données ; mais j’endurais mon martyre, et nous arrivâmes enfin au mont Sion, où une mosquée marque la place de la sainte cène de notre Seigneur et de ses disciples, et où sont les temples de David et de Salomon. J’avais déjà vu l’extérieur de la mosquée à ma première arrivée, et je savais que je la verrais en dedans moyennant un dollar quand je voudrais. Arrivées à ce lieu, les femmes commencèrent à chuchoter entre elles et appelèrent leurs maris ; je crus que c’était pour qu’ils nous accompagnassent au temple, mais je fus trompée dans mon attente. Les ouvriers s’imaginant que j’étais crédule comme eux et voulant attraper un bakchis de moi, cherchèrent à faire passer cette mosquée pour le temple que je voulais voir. J’étais indignée de leur imposture après tout ce que j’avais fait et souffert pour venir à bout de mon dessein ; je refusai d’entrer et leur reprochai le tour qu’ils voulaient me jouer.