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en nubie, etc.


Sainte, mais qui ne sont pas toujours les plus sûres pour des voyageurs isolés, nous arrivâmes à Nazareth le 14. Mon intention était de demeurer quelque temps dans ce village ; mais les Arabes chrétiens, employés dans le couvent, avaient répandu le bruit que j’étais quelque grand personnage déguisé. C’est ce qui fit que je ne pus jamais sortir sans être suivie d’une foule de femmes et d’enfans. Aussi après avoir vu tout ce qu’il y avait d’intéressant, je quittai Nazareth le 22 mai dans la soirée, afin de voyager toute la nuit, à cause de la chaleur, et d’éviter la rencontre des tribus arabes ; le supérieur du couvent avait engagé un mokaro chrétien à m’accompagner. Vers le coucher du soleil, nous arrivâmes à quelques longues tentes noires appartenant aux bergers du pacha d’Acre. Me jugeant sur mes habits, ils me firent entrer dans la tente des hommes ; celle des femmes y touchait, mais aucune n’osa paraître. On me régala de café et de lait de chèvre tout frais. Ils tuèrent un chevreau, et nous mangeâmes ensemble avec une cordialité hospitalière inconnue en Europe. Le secret de mon sexe fut gardé, grâce à la grande poltronnerie de mon mokaro. Il me pria de retarder mon départ jusqu’à minuit pour voyager avec plus de sûreté ; j’y consentis, mais à minuit