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voyages en égypte,


corde pas ordinairement aux femmes de ce pays : aussi il y avait chaque jour des troubles domestiques ; et quand le mari menaçait la femme de la renvoyer chez elle, le beau-frère lui faisait dire qu’il renverrait la sienne. Les villageoises contribuaient imprudemment à aigrir la première femme contre la nouvelle. On s’imaginait, à mon arrivée, que je prendrais aussi le parti de la première, pour laquelle j’avais de l’attachement, à cause de l’intérêt qu’elle m’avait témoigné pendant ma maladie. Cependant je lui fis sentir qu’elle était dans son tort et qu’elle agissait contre les lois de son pays. En effet, d’après ces lois, un homme peut prendre quatre femmes s’il les peut nourrir ; ainsi son mari pouvait en épouser encore deux autres, et puisqu’elle n’avait qu’une fille, il pouvait la renvoyer ou du moins la traiter comme la dernière de ses femmes, et comme une esclave. Quoique cet usage d’épouser quatre femmes existe depuis un temps immémorial, cependant elles se haïssent cordialement les unes les autres. Les méchancetés qu’elles peuvent se faire, et la haine qui croît avec leurs enfans occupent toute leur attention. Le mari est rarement informé de leurs petites persécutions ; car devant lui elles sont obligées de paraître de bon accord, du moins si c’est un mari qui sait gouverner sa maison.