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en nubie, etc.


ce qu’elles souffraient de la vieille, je leur exprimais mon étonnement de ce qu’elles n’en disaient rien à son mari. Les femmes arabes n’y auraient pas manqué, et elles auraient encore exagéré leurs griefs. Mais une jeune femme barabra me répondit que si elles dénonçaient leur ennemie, le mari la couperait en pièces et la jeterait dans le Nil, et les autres maris battraient leurs femmes à cause de la dénonciation[1]. Je suis portée à croire que c’est moins par un sentiment d’humanité que par crainte des suites de ces querelles entre les différentes tribus que les femmes de ce pays ont appris à être prudentes.

M. Belzoni étant revenu d’Ybsamboul, nous partîmes ensemble quelques jours après pour Louxor. De retour dans ce lieu, j’allai retrouver mon ancienne demeure qu’ils avaient entourée de murs de briques. Malheureusement le mari avait pris une autre femme pendant mon absence, et lui avait bâti une chambre, tenant au mur de notre maison dont le comble était couvert de nattes. Sa première femme, dont le frère avait épousé la sœur du mari, avait pris, en vertu de cette double parenté, un ascendant qu’on n’ac-

  1. Cette assertion vient à l’appui des détails que M. Burckhardt donne dans son voyage sur la mort cruelle que les Nubiens font quelquefois subir à leurs femmes.
Tome II.
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