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voyages en égypte,


de divers villages de l’autre côté du Nil ; elles traversaient ordinairement ce fleuve sur un fagot de branches ; quelquefois elles m’apportaient une ou deux cornalines antiques ou un peu d’orge, des œufs et des ognons, et je leur donnais en échange des grains de verre ou de petits miroirs. La jeune femme dont j’avais fait connaissance, la première année, venait me voir avec une bonne vieille qui me montra une affection constante jusqu’au dernier moment : c’était la plus enjouée et la meilleure femme que j’aie vue, elle n’aurait pas fait honte à l’Angleterre même ; ses remarques sur nos usages me frappaient quelquefois par leur justesse. Son mari et deux fils charmans avaient été tués dans un combat contre une autre tribu ; notre ami M. Burckhardt fait mention de cette guerre dans la relation de son voyage, page 6, en parlant de Philæ.

Les femmes de l’île me priaient de n’avoir aucune relation avec la diablesse : c’était sous ce nom qu’elles désignaient la méchante femme qui habitait le petit temple, et qui avait voulu m’attirer chez elle l’année précédente. Cette femme était la terreur du pays. Elle avait l’habitude de frapper les enfans qu’elle rencontrait parce qu’elle n’en avait pas elle-même.

Quand les femmes de l’île me racontaient tout