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en nubie, etc.


de Memnon, nous fûmes obligés de nous rendre à Kéneh, où il fallut retourner à Louxor, vu qu’un grand bateau qui avait amené quelques Francs à Assouan et que M. Belzoni avait loué pour le retour, venait d’être pris pour le service du pacha.

M. Belzoni n’eut que le temps de me déposer dans une maison à Louxor où il apprit qu’il y avait une chambre tout en haut pour moi. Il fut obligé ensuite de partir pour Esné afin de s’y assurer le bateau qu’il avait loué.

C’était la première fois que je me trouvais seule avec les Arabes sans un interprète ou un Européen, et ne sachant qu’une vingtaine de mots Arabes. Ce qu’ils appelaient une chambre consistait en quatre murs ; ce réduit, ouvert au ciel, était rempli de dattes qu’on faisait sécher au soleil ; il y avait un fourneau dans un coin, une jarre d’eau, une âtre de trois briques ; encore cette prétendue chambre n’était point la mienne, c’était celle de toutes les femmes de la maison. Jamais de ma vie je ne me sentis aussi isolée et aussi malheureuse. Souffrant d’une fièvre violente, j’étais exposée à toute l’ardeur du soleil, et l’objet de la curiosité de toutes les femmes du village. Pour m’assurer au moins un coin de cette pièce, je m’arrangeai par le moyen de