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en nubie, etc.


qu’il faisait entre ses compatriotes et moi ; mais, dans la suite, j’ai senti la nécessité de cette conduite. Je trouvai d’abord ces Turcs inconséquens, puisqu’ils traitent leurs femmes avec le plus grand mépris, tandis qu’ils me témoignaient toujours non-seulement des égards, mais le plus profond respect. Cela même me fit voir que leur rudesse ne s’adressait pas à notre sexe en général ; et, en effet, je leur ai entendu dire souvent que s’ils avaient pour leurs femmes les mêmes égards que pour des Européennes, elles en deviendraient intraitables.

Quelque temps après l’aga rentra et m’apporta quelques grappes de raisin sales et froissées, qu’il m’offrit comme un grand régal, tandis que les pauvres femmes regardaient le panier avec des yeux d’envie. Dans le premier mouvement, je pris les grappes et les leur offris ; mais toutes les refusèrent.

Je leur fis ensuite présent de grains de verre et d’une petite glace avec un tiroir. Les grains de verre leur plurent ; mais le miroir les enchanta. Rien n’était plus comique que leur curiosité enfantine, l’avidité avec laquelle elles s’arrachaient ce joujou et tout ce qu’elles inventaient pour l’ajuster, ou plutôt pour le gâter. En vain je leur montrai la seule manière de