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voyages en égypte,


lui ôtait presque la respiration. Pour expliquer la frayeur extraordinaire dont tous les gens de l’Elloah furent saisis en nous voyant, il faut savoir que mon guide était le cheik d’une des tribus bédouines qui font des excursions dans ces oasis quand leurs provisions de riz ou d’orge sont consommées, et qu’ils enlèvent tout ce qu’ils trouvent. Dépouillant les pauvres habitans de tout le fruit de leur travail, on les expose quelquefois par les pillages à une mort lente dans ces déserts qui ne leur offrent aucune ressource ; s’ils veulent défendre leur propriété, on va jusqu’à les massacrer. Groumar s’était signalé dans cet Elloah par ses brigandages ; fait que je n’appris que par mon hadgi maure à qui les indigènes en avaient fait confidence. Aussi aurions-nous payé la veille ses forfaits, si nous fussions restés plus long-temps à l’endroit où nous nous étions arrêtés. Il n’avait pas voulu nous conduire à Siwah, parce qu’il y était trop connu ; et, à la suite d’un tel homme, nous y serions devenus les victimes de la vengeance des habitans.

Nous engageâmes l’Arabe effrayé à nous montrer quelque source ; il nous y conduisit en peu de minutes. Nous nous arrêtâmes un peu pour rafraîchir nos chameaux, et faire notre ascid ou bouillie, à l’ombre d’un grand sount.