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en nubie, etc.


fumer et à boire. Cependant le cadi eut un entretien secret avec les cavaliers qui s’étaient assis auprès de lui ; tout à coup l’un d’eux se leva, et jura, par Mahomet, que l’étranger n’entrerait point dans leur village, puisque, en le laissant entrer, ils seraient tous attaqués de maladie, et tomberaient morts. C’était une insinuation du cadi, qui avait voulu m’empêcher par ce moyen de poursuivre ma route. Mais je répondis que si mon voyage à leur bellad leur causait la moindre inquiétude, j’aimerais mieux y renoncer qu’indisposer contre moi quelqu’un d’entre eux. Cheik Salem me dit alors que ses gens craignaient que je ne répandisse quelque maléfice dans le village. Je leur fis observer que si j’avais la faculté d’en commettre, je n’en avais pas usé du moins envers le peuple de Zabou qui se portait encore très-bien, quoique je fusse chez lui depuis trois jours. Ils n’étaient pas encore persuadés, et il fallut parler deux heures pour lever tous leurs doutes. Enfin, il fut arrêté que je pourrais entrer le soir dans le village, mais seulement à condition de ne pas écrire un seul mot, de ne rien toucher ou enlever, et de me tenir à une grande distance des ruines. Je consentis à toutes ces restrictions ; et un dîner consistant en une brebis que j’avais fait tuer, couronna l’arrangement.