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en nubie, etc.


dessus, en invitant les cheiks à s’approcher et s’asseoir auprès de moi. Je demandai en même temps si je pouvais me procurer une brebis à bon compte. Quelques uns vinrent de bon cœur s’asseoir sur ma natte ; mais d’autres se tinrent à l’écart, me regardant de travers ; je fis semblant de ne pas le remarquer. Le gendre de mon guide approcha et me dit qu’il me vendrait une brebis pour un dollar. J’acceptai son offre à condition qu’il ferait bouillir dans le jus de l’animal deux grands bassins de riz. Je savais que le riz était très-commun chez eux, et je crus devoir marchander pour leur faire voir que, sans avoir beaucoup d’argent, je désirais néanmoins me régaler avec eux.

Sur ces entrefaites mon domestique sicilien et le Maure avaient préparé un grand pot de café, et s’étaient déjà familiarisés avec quelques indigènes. En faisant servir le café à la ronde, j’en présentai les premières tasses aux cheiks. À la vue de ce breuvage, ceux qui boudaient s’assirent pour prendre part au régal comme les autres ; leur mauvaise humeur ne put tenir contre l’attrait d’une tasse de café : c’est pour ces Bédouins un objet de luxe dont ils ne jouissent qu’une seule fois par an, savoir le premier jour de l’arrivée de la caravane arabe qui vient à