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en nubie, etc.


eaux du Nil jettent annuellement tant de terre et d’argile dans le lac, que le bassin doit en être fort exhaussé, et que ses eaux ont dû se répandre beaucoup au-delà de leurs anciennes limites. Le lac Mœris n’était probablement qu’un réservoir qui servait à retenir l’eau pendant la crue du Nil, et produire une sorte de seconde inondation ; il est évident du moins que c’est la nature, et non l’art qui l’a creusé ; ce qui n’empêcherait pas que les hommes n’eussent profité ensuite d’un réservoir qui se présentait tout formé. Il pouvait servir spécialement à l’irrigation du Faïoum ; il suffisait pour cela de fermer l’embouchure du canal, lorsque la crue du Nil avait rempli le lac par cette voie, et de le faire épancher, après la retraite de l’inondation, sur le territoire du Faïoum, qui, étant borné au nord par des montagnes, et de l’autre côté par des terrains élevés, se prêtait à ce genre d’irrigation ; mais il fallait tenir le canal fermé à l’entrée du Faïoum, parce qu’autrement les eaux se seraient écoulées en refluant par le Bahr-Yousef vers le Nil[1].

  1. Le général Andréossy pense que le lac Mœris n’était peut-être autre chose que la tête de la longue vallée du fleuve sans eau, qui avait été diguée naturellement par les sables ou par la main des hommes ; en sorte que le lac, au lieu d’être creusé, aurait été formé. Voyez