Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 2.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée
95
en nubie, etc.


pirer à quelques lieues plus loin que ses compagnons. On parle des dangers des voyages de mer ; il n’est pas moins périlleux de traverser les déserts. Les tempêtes menacent les vaisseaux ; un puits sec peut faire périr les caravanes. Sur mer on peut tomber entre les mains des pirates ; les Arabes du désert pillent les voyageurs, et leur laissent une vie qu’ils perdent ensuite dans l’agonie horrible de la soif. Des yeux qui sortent de la tête, la langue et les lèvres enflées ; un tintement qui étourdit la tête et produit la surdité, enfin le cerveau qui semble être enflammé ; voilà les symptômes précurseurs de cette mort.

Quelquefois le voyageur altéré aperçoit dans le lointain un beau lac ; il y court pour se désaltérer et se baigner ; mais quand il approche il voit que ce prétendu lac n’est que l’effet du mirage, ou une pure illusion d’optique. Si par malheur on tombe malade au milieu du désert, il faut bien continuer de voyager sur un chameau, monture qui est fatigante et incommode même lorsqu’on jouit d’une bonne santé ; ou bien il faut se résoudre à mourir sans secours dans le désert même. La caravane ne s’arrête point, personne ne reste auprès du malade à qui on ne pourrait d’ailleurs prêter aucun secours ; l’homme