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voyages en égypte,


le repas allait commencer, parce que pendant la fête du rhamadan, les Musulmans ne peuvent dîner qu’un peu après le coucher du soleil. Il n’y avait donc pas moyen de parler d’affaires. Au reste, le Turc me reçut avec cette fausseté qui engage souvent les gens de sa nation à montrer de la cordialité à celui dont ils méditent la perte. Il me pria à dîner, et j’acceptai pour lui éviter un affront, le plus grand que j’eusse pu lui faire. Nous nous assîmes tous par terre, autour du tapis. La cuisine turque n’est pas toujours du goût des Européens ; elle a pourtant quelques plats qui valent les nôtres. Leur mouton rôti est délicieux. Ils l’exposent au feu, sur une broche de bois, immédiatement après avoir tué l’animal, et pendant que la chair conserve encore sa chaleur naturelle. Par ce procédé, la viande acquiert un goût fort agréable. Les officiers et hadgis retroussèrent leurs grandes manches, et enfoncèrent les doigts de leur main droite dans les divers plats. La main gauche ne sert jamais aux Turcs à manger. Ils ne font presque que goûter de chaque plat. Le dîner finit ordinairement par du pilau, et ils boivent rarement pendant le repas. Immédiatement après ils se lavent ; on sert à la ronde des pipes et du café, et la conversation s’engage sur les seuls