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en nubie, etc.

On trouvera peut-être ces détails trop minutieux ; mais j’ai cru devoir les rapporter pour bien faire connaître le peuple à qui j’avais à faire. Je remarquai que dans les outrages que ce Turc me prodigua, il ne se permit pas une injure contre ma religion, qui, pourtant, est en horreur aux Mahométans : c’est que cet ami, dans la Basse-Égypte, avec lequel il avait fait le trafic des antiquités, de qui il avait reçu de l’argent et des présens, et qui l’influençait en cette occasion, était chrétien comme moi. Mais il savait qu’il obligerait beaucoup cet ami, s’il parvenait à me faire abandonner mon entreprise.

Je mis tant de hâte au trajet, que j’arrivai à Erment avant le coucher du soleil. Comme on était dans le rhamadan, le cacheff avait à dîner chez lui plusieurs officiers principaux, quelques hadgis et des santons, pélerins turcs, qui, dans cette saison surtout, se nourrissent ordinairement à la table des grands. La compagnie consistait en une trentaine de personnes ; faute de place dans la maison, ou avait apprêté le dîné dans un champ voisin. Un vieux tapis, d’environ vingt pieds de long sur trois de large, avait été étendu par terre ; à la place d’assiettes on y avait mis des gâteaux de belle farine blanche. À mon arrivée