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les chiens de chrétiens. J’envoyai chez lui pour connaître le motif de cette défense ; mais il était allé à Louxor. Il faut remarquer que le lieu où le bloc était arrivé, allait être inondé sous peu de jours ; et qu’en nous forçant de suspendre notre ouvrage jusqu’à l’inondation, on exposait le buste à être enseveli sous le limon jusqu’à l’année suivante, ce qui aurait occasioné de nouvelles dépenses et de nouvelles peines, sans compter les intrigues auxquelles on aurait eu recours dans l’intervalle. On peut donc bien penser que j’avais toutes les raisons du monde pour craindre le moindre délai. J’ai su depuis, que le coquin de caimakan avait suggéré au cacheff l’idée de nous abandonner dans cette position, pour mettre tout à coup fin à nos opérations. Ayant pris le janissaire avec moi, je traversai le fleuve, et allai trouver le caimakan à Louxor. Il n’eut que de mauvaises raisons à me donner pour justifier ses ordres ; plus j’employai de douceur et de promesses, plus il devint insolent. Je voulus conserver ma modération jusqu’à l’extrémité ; mais dans un pays où l’on ne respecte que le plus fort, et où l’on abuse toujours de la position du faible, une patience extrême passe pour lâcheté. On méprise l’homme trop modéré, parce qu’on s’imagine que c’est sa faiblesse qui le force à ce rôle.