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en nubie, etc.


diable ; et me voyant ensuite prendre des notes, ils pensèrent que l’opération se faisait par le moyen de quelque charme. Le procédé que j’employai pour placer le colosse sur le brancard était bien simple ; car je n’aurais pu en faire exécuter d’autres par des hommes dont l’intelligence se réduisait à savoir tirer une corde, ou s’asseoir à l’extrémité d’un levier pour servir de contrepoids.

Par le moyen de quatre leviers je fis soulever le buste, au point de pouvoir passer en dessous une partie du brancard ; et quand une fois le bloc y fut appuyé, je fis lever le devant du brancard même, pour mettre en dessous un des rouleaux. La même opération fut exécutée ensuite sur le derrière ; et quand le colosse se trouva au milieu du brancard, je le fis bien attacher ; et je disposai les cordes de manière à ce que le poids, qu’il s’agissait de tirer, fût réparti d’une manière égale. Je plaçai des hommes, avec des leviers, sur les deux côtes du brancard, pour qu’ils pussent prêter main-forte dans le cas où le bloc glisserait d’une part ou de l’autre : de cette manière je prévins sa chute. Enfin je mis des ouvriers sur le devant pour tirer les cordes, tandis que la besogne d’autres ouvriers consistait à changer de rouleaux. Par ce moyen je réussis à faire avancer le bloc de quelques toises de l’endroit où il avait été trouvé.