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voyages en égypte,


bout de ce temps, il eût été trop tard, à cause de l’inondation du Nil. J’essayai d’engager les Arabes, que je voyais sans ouvrage, à travailler pour moi, mais ce fut sans succès ; quelque désir qu’ils eussent de gagner de l’argent, ils n’auraient jamais osé s’engager sans la permission du cacheff ou du caimakan.

Je m’adressai donc de nouveau au cacheff ; le 27 enfin il m’envoya quelques hommes, mais il n’y en avait pas assez pour mon entreprise. Cependant, quand d’autres les virent travailler avec permission, ils se laissèrent aisément persuader à suivre leur exemple. Ayant fait ranger tout mon monde, je leur déclarai qu’ils auraient soixante paras par jour, ce qui équivaut environ à neuf sous de monnaie française, et ce qui était moitié plus que ce qu’ils gagnaient par leur travail journalier dans les champs : aussi en furent-ils très-contens. Le charpentier avait construit un brancard, et il s’agissait d’abord de placer le buste dessus. Les fellahs de Gournah, qui connaissaient bien le Caphany (c’est le nom qu’ils donnaient au colosse), s’imaginaient qu’il ne pourrait jamais être enlevé du lieu où il gisait, et lorsqu’ils le virent bouger, ils poussèrent un cri de surprise. Quoique ce mouvement fût l’effet de leurs propres efforts, ils en firent honneur au