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voyages en égypte,


traitement brutal, je cinglai avec mon fouet ses épaules nues. Aussitôt il tire son pistolet de sa ceinture, pendant que je saute de mon âne ; il recule de quelques pas, et tire sur moi ; la balle frise mon oreille droite, en brûlant mes cheveux, et tue un de ses propres soldats qui s’était trouvé derrière moi. Voyant qu’il a manqué son coup, il tire son second pistolet de la ceinture ; mais en ce moment ses soldats se jettent sur lui et le désarment.

Il s’en suivit un grand bruit ; et, comme l’affaire se passait auprès du sérail de l’Esbakie, quelques gardes accoururent. Quand ils apprirent de quoi il s’agissait, ils intervinrent, et calmèrent la fureur du binbachi. Ne voyant pas que ma présence fût bien nécessaire, je remontai sur mon âne, et continuai mon chemin. Arrivé chez M. Baghos, je lui racontai ce qui venait de se passer. Nous nous rendîmes sur-le-champ à la citadelle, pour parler au pacha de cette affaire. Il fut très-fâché, et voulut connaître le coupable ; en observant toutefois qu’il était trop tard pour l’arrêter ce soir même. On l’arrêta le lendemain ; mais je n’ai jamais pu savoir ce qu’il est devenu. Cette aventure fut une leçon pour moi, et j’eus-soin, depuis lors, de ne plus fournir le prétexte d’une vengeance, à