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voyages en égypte,


dans les bateaux pour se sauver ; mais plusieurs de ces barques étant chargées de trop de monde vinrent à chavirer. J’avais lieu d’espérer que si les troupes pillaient le village, l’air de vétusté et de délabrement qu’avait notre maison, nous préserverait de leur avidité ; d’ailleurs nous n’avions point d’effets précieux qui pussent les tenter. Le peuple poussait des cris d’effroi, et déjà les troupes paraissaient à l’entrée de la ville ; mais, heureusement, la cavalerie les ayant prévenus, en faisant un détour, les força de rebrousser chemin. Le désordre dura plusieurs jours de suite.

À la fin ayant pillé et rançonné le Caire tout à leur aise, les troupes se retirèrent dans leur camp ; et, quelques jours après, les affaires s’arrangèrent à l’amiable. Mais j’ai des motifs de croire que le pacha, venant à connaître les instigateurs de l’émeute, se vengea en secret ; car nous apprîmes que plusieurs personnes étaient mortes peu de temps après de mort subite ; et plusieurs chefs et beys disparurent à la même époque. Les troupes qui s’étaient mutinées furent envoyées en partie à des camps éloignés du Caire, et en partie à la Mecque. L’exercice européen, qu’on présumait être la cause de leur révolte, fut entièrement abandonné, et on n’en parla plus. Les Turcs ont de l’aversion pour toute