Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 1.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée

bazars, elle est entièrement déserte, et partout on ne voit que des maisons abandonnées, et des décombres. Nous étions montés sur des ânes : c’est, dans cette ville, la monture la plus convenable pour des Francs. Un soldat à cheval venait au devant de nous ; quand il se fut approché, il me porta avec sa canne un coup si violent à la jambe droite, que je la crus cassée. Les cannes des Turcs, semblables à des houlettes, ont des cotés tranchans ; c’est avec cette espèce d’arme, que le soldat, frappant le gras de ma jambe, avait enlevé un morceau de chair d’une forme triangulaire, de deux pouces de largeur, et d’une profondeur considérable. Après cela il proféra deux ou trois jurons contre moi, et s’en alla comme s’il ne s’était rien passé. Le sang coulait en profusion : au lieu d’avoir une audience du pacha, je fus conduit au couvent de la Terre-Sainte, comme étant l’établissement chrétien le plus proche. Il faut savoir qu’à cette époque il régnait un grand mécontentement parmi les soldats contre le pacha, à cause des ordres qu’il avait donnes de leur faire faire l’exercice à l’européenne ; et je présume que le soldat, me rencontrant en costume franc, voulut venger sur moi l’ennui que lui donnait l’exercice européen. Du couvent je fus porté chez moi, à