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en nubie, etc.


pas sur la proue, ce qui aurait fait lever la poupe. Dans cette partie du bateau je fis mettre des nattes bourrées de paille, et au milieu du pont je plaçai un sac rempli de sable pour arrêter le bloc en cas qu’il coulât trop précipitamment dans l’embarcation. J’assignai à quelques Arabes un poste dans le bateau, et j’en plaçai d’autres sur les deux côtés pour opérer avec un levier de bois de palmier, faute de mieux. Enfin, sur le rivage derrière le bloc, j’avais fait ficher en terre un pieu de palmier, autour duquel passait une corde qui tenait au brancard, afin de le faire glisser tout doucement. Des ouvriers devaient lâcher, peu à peu, cette corde, tandis que d’autres tireraient le brancard dans le bateau, et que d’autres encore auraient soin des rouleaux sur lesquels on faisait avancer le bloc.

Le colosse descendit sans encombre par le chemin qui lui avait été préparé ; mais, arrivé au bord de l’eau, il s’enfonça dans le sol, qui consistait en terre fraîchement rapportée. J’aimai mieux cela que de le voir couler trop brusquement dans le bateau ; car, si ce morceau antique s’était englouti dans le Nil, les antiquaires d’Europe auraient jeté les hauts cris, quoiqu’il y eût parmi eux des savans qui n’eussent pas été fâchés que pareil accident m’arrivât. Toutefois le bloc