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en nubie, etc.


ques heures après nous fûmes à Gournah. j’allai trouver le cheik-el-bellad de cet endroit ; j’envoyai mon janissaire chez le soldat, et il fut convenu que les fellahs dont j’avais besoin se trouveraient prêts pour le lendemain matin.

Je me rendis donc sur les lieux, dans la matinée, pour commencer l’ouvrage ; mais je fus bien surpris de ne pas y trouver les fellahs rassemblés. J’en rencontrai, par hasard, un qui me dit qu’ils avaient peur, puisqu’on leur avait défendu auparavant de travailler pour les Anglais. Je m’adressai de nouveau au soldat : celui-ci envoya un homme pour rassembler les paysans ; mais il était trop tard, ils s’étaient tous dispersés. Je me bornai donc ce jour-là à faire prendre à Louxor les objets qui devaient servir à l’embarquement du bloc. Les bateliers arrivèrent à Gournah pour faire décharger leur bateau, et celui du cacheff d’Erment y vint aussi pour prendre leur fret à bord.

Ce ne fut pas sans peine que nous rassemblâmes, le 15 novembre, cent trente hommes. Je commençai par pratiquer un chemin pour faire descendre la tête colossale de la rive sur laquelle elle gisait, et qui, depuis la retraite des eaux, était au moins à cent pas du fleuve et à quinze pieds au-dessus de son niveau.