Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 1.djvu/180

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’homme me ferait présent de sa brebis, et que je lui donnerais en retour ce que je voudrais. Pour entrer dans leurs vues, et éviter de taxer positivement la valeur d’une brebis, je payai le propriétaire en sel, savon et tabac.

A dîner la brebis fut servie en morceaux dans deux écuelles de bois ; et le cacheff et sa suite s’assirent en rond sur le sable auprès du temple. Ils plongèrent leurs mains sales dans le jus : en quelques secondes toute la brebis fut dévorée. Ma part ne fut pas considérable dans ce festin sans cérémonie ; aussi, dans d’autres occasions semblables, j’eus la précaution de la faire d’avance. On leur porta ensuite du café du bateau, et quand le repas fut fini, j’allai dîner avec ma femme, qui préféra le riz cuit et l’eau au régal d’une brebis au milieu des sauvages.

Bientôt après le cacheff vint à bord, et témoigna son désir de me parler en secret. Nous nous retirâmes dans un lieu particulier, et là ses principaux interprètes nous firent la confidence suivante. La veille, le cacheff étant auprès de notre bateau, m’avait vu boire, dans une tasse, une liqueur rouge que j’avais versée d’une bouteille, et s’étant informé de ce que c’était, il avait appris que je buvais du nebet (vin). Or il avait entendu dire que le vin des anglais