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en nubie, etc.


constitue le fond ordinaire de leurs approvisionnemens. Ils filent la toison de leurs brebis, en faisant passer le fil autour de plusieurs pierres ; ils suspendent ensuite les fils perpendiculairement à un bâton mis en travers entre deux arbres, et les font croiser par d’autres fils ; de cette manière, ils fabriquent une espèce de grosse étoffe qui leur sert à couvrir la partie inférieure du corps.

J’allai avec le rays visiter tout le rocher qui forme l’île ; il a un huitième de mille de long et autant de large. Il était déjà tard quand nous découvrîmes les habitans ; ils avaient allumé du feu pour cuire leur pain, et ce fut là ce qui nous trahit leur retraite. Ils étaient blottis sous les ruines d’un vieux château-fort qui se trouvent vers l’extrémité méridionale de l’île ; à notre approche, les femmes poussèrent un cri de frayeur éclatant. Notre rays, qui était natif de la Basse-Nubie, savait parler leur langue, et les calma ; cependant il ne put faire sortir personne de cette retraite. Leur peur venait du souvenir des dépradations que des voleurs de Wadi-Halfa avaient commises, il y avait quelques années, dans l’île où ils étaient arrivés, en passant le fleuve à gué, pendant les plus basses eaux. Les brigands avaient fait à ces pauvres insulaires tout le mal possible. Nous leur assurâmes que nous ne