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voyages en égypte,


pour avoir du dourrah. En conséquence, il lui avait donné pour la piastre la mesure convenue. Cette expérience eut un bon effet, non-seulement sur l’esprit du peuple, mais aussi sur celui du cacheff, qui sut même bientôt tirer parti de l’instruction qu’il venait d’acquérir. Il me fit observer que quelqu’un qui travaillerait toute une journée, devrait avoir quatre fois cette mesure de grain pour sa part, et que, par conséquent, il engagerait ses gens à travailler si je voulais leur donner à chacun quatre piastres par jour. Après de longs pourparlers, je m’arrangeai à raison de deux piastres par ouvrier.

Daoud me dit que le voyageur qui était venu dans ce pays, il y avait quelques mois, avait laissé entre ses mains trois cents piastres, afin qu’il fît faire des fouilles pour lui ; mais que ses gens n’avaient pas voulu se charger de la besogne, attendu qu’ils se souciaient fort peu d’avoir de ces petites pièces de métal. Le voyageur avait continué son voyage à Wady-Halfa. À son retour il s’attendit à voir les fouilles faites ; mais Daoud lui avait rendu ses pièces de monnaie, ne sachant qu’en faire. J’ai appris dans la suite que ce voyageur était M. D**, ex-consul de France en Égypte, et qu’en effet, il avait repris son argent, puisque les gens du pays ne voulaient pas travailler pour lui.