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en nubie, etc.


ras. Il y consentit et alla écrire la lettre. Avant notre départ du Caire, j’avais eu soin de prendre des renseignemens exacts sur la Nubie, chez les gens du pays qui apportaient dans cette capitale des dattes et du charbon. Ils m’avaient appris qu’un miroir et quelques grains de verre de Venise y seraient accueillis à l’égal d’un plat d’argent et de perles. En conséquence nous en avions embarqué une pacotille, quoique nous ne fussions pas bien certains de pénétrer en Nubie. Le miroir que je donnai au cacheff avait douze pouces de haut sur dix de large : c’était le plus grand que les Deiriens eussent jamais vu ; aussi fit-il sur eux une impression étonnante. Plusieurs qui n’avaient jamais été au-delà d’Assouan, n’avaient pas même encore vu un miroir, et furent bien étonnés de le voir présenter leur figure. Le cacheff avec sa large face ne pouvait se lasser de s’y mirer, et toute sa suite cherchait à y jeter un coup d’œil pour voir quel effet faisaient leurs figures couleur de chocolat ; ils riaient, ils étaient enchantés. Le cacheff le remit à la fin, avec une inquiétude marquée, à quelqu’un de sa suite, en lui recommandant bien d’en avoir grand soin, et de ne pas le casser. En revenant au bateau, je rencontrai un vieillard qui avait connu Baram-Cacheff, prince qui exer-