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UNE VOIX.

Ô la belle sagesse, en vérité !… L’effort
Que sa pratique exige, est facile au moins fort,
Et les cerveaux les plus obtus, les plus ineptes,
Sans peine iront s’ouvrir à ses joyeux préceptes.
Mais, par les temps passés pour l’avenir instruits,
Ceux qui jugent toujours l’arbre d’après ses fruits,
Sur l’écorce du vôtre osent, pour qu’on y songe,
D’une main ferme écrire en traits de feu : « Mensonge ! »

Grâce à qui, ― vos docteurs s’en sont-ils souvenus ? ―
Jusqu’au siècle présent sommes-nous parvenus ?
Qui donc a mis un frein aux passions sauvages ?
Apôtres du néant ! aux grossiers appétits
Des hommes, par l’aveugle ignorance abrutis,
À ces flots comprimés, en proie aux durs servages,
Un jour de brusque assaut de leur prison sortis,
Est-ce vous, dont la voix cria sur les rivages :
« C’est ici que viendront expirer vos ravages ? »
― Allez le demander aux peuples engloutis !
L’incorruptible Histoire est là, dans ses annales
De vos sombres aînés montrant les saturnales,
Et je la vois pleurer, quand son doigt frémissant
Tourne ces noirs feuillets pleins de fange et de sang !