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Poursuis, sans murmurer, ta voie expiatoire ;
Si l’orage redouble, apprends à l’affronter :
Dans la sombre spirale où va ton purgatoire,
Veux-tu descendre encore, ou veux-tu remonter ?

Alors, debout ! forçat de la chiourme humaine !
De ton rachat sublime acquitte le tribut,
Et marche sans faiblir dans la route qui mène
À l’auguste sommet où rayonne le but !

Quand tu vas sanglotant, traînant, tête baissée,
Tes regrets, les espoirs trompés, ton abandon,
Invisible gardien de ton âme affaissée,
Toujours quelqu’un te suit : c’est l’Ange du pardon.

Parfois, lorsque les pieds tout meurtris par la chaîne,
N’en pouvant plus, tu fais une halte en marchant,
Comme le moissonneur qui pour reprendre haleine,
En aiguisant sa faulx s’arrête au bord du champ ;

Dis-moi, devant tes yeux, ne sens-tu pas sur l’heure
Comme un souffle divin de baiser sur l’affront ?
De son aile céleste, éventail qui t’effleure,
C’est lui qui vient sécher la sueur de ton front.