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ii


Maintenant, à cette heure, en d’autres lieux, la Vie,
Loin, bien loin du silence imposant des déserts,
Comme par une meute une hydre poursuivie,
De cent mille clameurs épouvante les airs.

Tandis que l’Océan, aux voix tumultueuses,
Dans les gouffres obscurs parle aux profonds écueils ;
Que sur les monts, croisant leurs branches tortueuses,
Les bois, chêne ou sapin, font pousser les cercueils,

De l’est à l’occident, de l’un à l’autre pôle,
Partout où sous le chaste azur illimité
De cette radieuse et sublime coupole,
Pleine de pas confus, bourdonne une cité,

Le Travail gigantesque, ardent et fier cyclope,
Tord l’énorme machine aux rapides leviers,
Forge immense, qu’un bruit formidable enveloppe
D’un concert monstrueux d’innombrables claviers.

Londres, Paris, New-York, fourmilières humaines,
Leurs milliers de vaisseaux sur les flots écumants,
Leur millions de chars qui traversent les plaines,
Mêlent tous à la fois leurs vastes grondements.