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Le long des seigles d’or, ébloui, je chemine,
Par les sentiers crayeux, ourlés d’un fin gazon,
Jusqu’au haut de la côte où mon regard domine
Le spectacle changeant du superbe horizon.

Au premier plan, la pente accostant la vallée
Avec de frais buissons plein de molles senteurs ;
Quelques chaumes épars ; une ferme isolée ;
Des vergers en talus ; — plus loin, sur les hauteurs,

Des villages charmants, dont les rouges toitures
Dans un lit de feuillage ont l’air de sommeiller ;
Leurs clochers au milieu, pareils à des mâtures
De grands vaisseaux à l’ancre et près d’appareiller.

Aux alentours, à droite, à gauche, on voit s’étendre,
Bizarrement jetés parmi les blonds épis,
Des carrés de sainfoin et d’avoine vert-tendre,
Sur le flanc du coteau déroulant leurs tapis.

Devant moi, comme un flot qu’épanche une urne pleine,
Un pré, luisant encor des perles du matin,
De sa large émeraude envahissant la plaine,
Va se perdre dans l’or éclatant du lointain.

Au milieu, dans son lit, où la chaleur l’accable,
Le fleuve irradié des feux du firmament,
Sous les traits du soleil, sagittaire implacable,
Vaste Python d’acier, rampe languissamment.