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MIDI


 

Vox clamantis in deserto.

Après une lecture de la Mécanique

            céleste de Laplace.


i


Quelquefois en Juillet, lorsque Midi rutile,
Et s’élance à travers les champs demi-fauchés,
Quand le brun moissonneur cherche une ombre inutile,
Sous les arbres poudreux dans la plaine ébauchés ;

À cette heure brûlante où l’azur qui flamboie
Semble un baiser de feu sur le globe vermeil ;
Lorsque dans les hameaux plus aucun chien n’aboie,
Et que sur tous les fronts descend un lourd sommeil ;

Je sors ; – je vais chercher, à travers la campagne,
Le lieu le plus tranquille et le plus écarté,
Avec la solitude immense pour compagne,
Assouvissant mes yeux d’espace et de clarté.

Le soleil, à grands traits, sous sa touche mordante,
De chaque objet crûment fait saillir le contour ;
L’ombre a peur et se cache à son approche ardente,
Ainsi qu’une colombe à l’aspect du vautour.