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V


Toi, triomphe à jamais, triomphe, âme immortelle !
Au-dessus de la vie et de ses flots fangeux
Élève-toi, triomphe en cette heure, fût-elle
La dernière qui sonne à tes jours orageux !

Par delà le soleil, et par delà l’espace,
Et tous les univers destinés à périr,
Sur un trône éclatant, vainqueur du temps rapace,
D’avance va t’asseoir, toi qui ne peux mourir !

Rien n’atteindra jamais ton essence éternelle.
Qu’importe que le monde ait brisé ton essor !
À travers les barreaux de la prison charnelle
Brille un autre soleil plus puissant que le sort.

Le doute a beau nier la vérité céleste,
Ô Justice ! son ombre affirme ton flambeau ;
La minute s’écoule, et l’éternité reste ;
L’immortel avenir pour socle a le tombeau !

Triomphez avec moi, vous tous, âmes blessées,
Cœurs gonflés d’amertume et d’amour méconnu,
Amants trahis, et vous, amantes délaissées,
Pleurant un rêve enfui qui n’est point revenu.