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Polype affreux, le Mal chez vous grouille et fourmille,
Vous tenant enlacés dans ses vastes réseaux ;
Satan seul vous gouverne et sa noire famille,
Assise à vos foyers, tourne en paix ses fuseaux.

Et l’Envie, et l’Orgueil, hantant l’homme et la femme,
L’Avarice au teint jaune écorchant les troupeaux,
La Paresse, et l’Orgie, et la Luxure infâme
En triomphe ont sur vous arboré leurs drapeaux.

Et l’œil en feu, pareille au tigre solitaire,
Si longtemps parmi vous la Colère a rugi,
Qu’il n’est plus désormais le moindre coin de terre
Que du sang d’un Abel un Caïn n’ait rougi !

L’acre vapeur du meurtre ou se complaît la haine
Monte criant vengeance au grand ciel obscurci ;
Sa gueule toute grande ouverte, la Géhenne
Est là qui vous attend ; — c’est pourquoi nous voici ! »

Ils viendront ces huissiers des divines colères,
Les grands exécuteurs, les sombres lendemains,
Sous un linceul, taillé dans les neiges polaires,
Chassant vers l’équateur tous les pâles humains.

Ils viendront du couchant, ils viendront de l’aurore,
Du midi radieux, du noir septentrion,
Dispersant l’assemblée où le tribun pérore,
Et la salle où, fardé, déclame l’histrion.