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Car rien n’a prospéré chez vous, hormis l’ivraie ; —
Sourds à l’enseignement des sages confondus,
À la voix des martyrs, dont la parole est vraie,
Ivres, tournant les dos aux paradis perdus,

Déchirant la nature avec vos mains ingrates,
Sans pouvoir assouvir vos grossiers appétits,
Faisant sonner bien haut vos exploits ; de pirates,
Rampant devant les forts, écrasant les petits,

Sans vergogne foulant les lois saintes tuées,
À tout ce qui fut grand prodiguant les affronts,
Lâches, menteurs, plus vils que des prostituées,
Le fiel aux cœurs, la fange aux mains, les fleurs aux fronts,

Vous avez ricané devant le sort sévère,
Et ri du droit chemin par le juste enseigné :
En vain sur le Caucase, en vain sur le Calvaire,
Prométhée et Jésus pour vous tous ont saigné.

Vous avez préféré les lieux où la débauche
De Vénus animale allume les fanaux,
Et, soldats que Mammon au ventre d’or embauche,
Grossi les légions des esprits infernaux.

Les pleurs des orphelins ont engraissé vos treilles ;
Vos crimes combleraient tout le gouffre marin ;
Phalaris, Phalaris, pour charmer vos oreilles,
Les veuves ont gémi, dans vos taureaux d’airain !