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iv


Tout ceci passera comme un torrent d’automne.
Cris, blasphèmes, fureurs, tous les bruits des vivants,
La fanfare éclatante et le canon qui tonne,
Seront tous à jamais dispersés par les vents.

Les bois profonds, les monts ailiers, les vastes plaines,
Les vallons pleins de fleurs, gracieux encensoirs,
Sentiront quelque jour de funestes haleines
Se mêler brusquement aux grands souffles des soirs.

Vous les verrez venir, ô villes stupéfaites,
Les essaims d’ouragans à la terre inconnus ;
Ils s’abattront sur vous au milieu de vos fêtes
Et diront : « Nous voici, car les temps sont venus !

Ils sont venus les temps d’équité vengeresse,
D’Idée incorruptible et de droit souverain,
Où la Justice aux yeux formidables se dresse,
Dans sa droite élevant sa balance d’airain.

Elle a pesé le monde et tout ce qui l’habite :
Lourd de forfaits, son poids vers l’abîme a fléchi,
Et la Mort, l’arrachant de son immense orbite,
Va marquer du sceau noir le sépulcre blanchi.